ce site a migré. Nouvelle URL https://heliantishumanis.fr

mercredi 5 juillet 2023

Le chiendent : quelles méthodes pour s'en débarrasser ?


Chiendent
Le chiendent (Elytrigia repens ou Agropyron repens) est une plante herbacée vivace de la famille des Poaceae (graminées). Ses rhizomes souterrains rampants, fortement ramifiés,  lui permettent de coloniser rapidement de vastes zones.

Le chiendent est une plante qui ne manque pas d'atout, il est utilisé depuis longtemps en médecine naturelle. En infusion ou en décoction, il peut être utilisé pour soigner problèmes urinaires, goutte, rhumatismes... Les chiens et les chats le mangent en cas de problème de digestion pour se faire vomir.

Mais, cauchemar des jardiniers, il squatte de façon éhonté nos potagers et nos jardins d'agrément nous invitant à déployer des trésors d'imagination pour s'en débarrasser. De nombreux jardiniers dans leur blogs ou leurs chaînes Youtube, proposent des solutions variés plus ou moins simples à mettre en œuvre.  


Chiendent
Chiendent en épis - Licence creative commons

Ces solutions sont elles efficaces ? Pour nous éclairer  et choisir une bonne solution, nous avons voulu vérifier si les mesures préconisées reposent réellement sur une expérience solide ou sur une base scientifique ou technique. Dans le cadre d'un potager biologique, nous avons éliminé l'utilisation de désherbant chimique qui sont d'ailleurs peu efficace sur le long terme et nous sommes limités à des solutions faciles à mettre en œuvre par le jardinier amateur.


Le chiendent, quels effets sur les cultures ?

Le chiendent concurrence toutes les cultures et peut affecter gravement leur rendement. Concernant les céréales, le rendement peut être affecté de 25 à 85 % pour le maïs, de 19 à 55 % pour le soja et jusqu'à 57 % pour le blé.

Le chiendent nuit également à la bonne santé des plantes potagères en absorbant respectivement 55 % de l’azote, 45 % du phosphore et 68 % du potassium assimilables par les plantes. Il peut également être plante-hôte de maladies fongiques et, enfin, il altère la qualité des produits récoltés (perforation des tubercules).

La sensibilité des cultures au chiendent est variable d’une espèce à l’autre et varie aussi en fonction de la densité du chiendent, de la saison et du moment de l’année.

Source : Fiche de la Station Rhône-Alpes Légumes (SERAIL)

Les mesures préventives

Au jardin, il faut adopter quelques mesures de bon sens qui vont nous aider à limiter la prolifération du chiendent :
  • Nettoyer les outils et l’équipement.
  • Isoler les zones infestées :  la travailler séparément, en dernier, lorsque cela est possible, afin de ne pas étendre la contamination.
  • Composter le fumier avant épandage car l’épandage de fumier peut être une source de propagation.
  • Nettoyer et couvrir les parcelles en fin de culture.
  • Limiter l’utilisation de motoculteur ou de fraises, ils fractionnent les racines et favorisent la multiplication.

Un consensus, le désherbage manuel ou par griffage

Tous les sites consultés préconisent de ne pas utiliser de motoculteur ou de fraises qui en coupant les rhizomes vont aider à la prolifération du chiendent. Pour le jardinier amateur le désherbage à la main ou à l'aide d'une fourche-bêche ou d'une grelinette reste la solution la plus efficace : 

  • Effectuer le désherbage lorsque le sol est un peu humide, ce qui facilite l'arrachage des racines.
  • Arracher les plant de chiendent avec précaution, en veillant à retirer autant de rhizomes que possible.
  • Ne pas mettre le chiendent au compost pour éviter qu'il s'y propage.


La solarisation

La solarisation consiste à utiliser l'énergie solaire pour chauffer le sol à des températures élevées et le chiendent n'aime pas la chaleur... Cette méthode peut être utile pour se débarasser du chiendent dans une planche particulièrement colonisée par la mauvaise herbe.

Bâche pour solarisation
Crédit photo : CAB - Pays de la Loire

La zone est recouverte d'une couverture transparente bien fixée sur les bords du sol pour empêcher l'air chaud de s'échapper. Le film en plastique crée un effet de serre et la chaleur emprisonnée sous le film s'accumule progressivement dans le sol, augmentant la température à des niveaux potentiellement létaux pour les mauvaises herbes et les organismes nuisibles. Les températures nécessaires pour un contrôle efficace peuvent varier, mais généralement, elles doivent atteindre entre 40 et 60 degrés Celsius.

La durée recommandée de la solarisation varie en fonction de divers facteurs, tels que la région, la saison et les conditions météorologiques. En général, une période de 4 à 6 semaines est souvent recommandée pour permettre une exposition suffisante à la chaleur.

Etouffement par couvert d'interculture

Le semis de couverts d’interculture permet de limiter le développement du chiendent. Ils sont cultivées spécifiquement pour améliorer la fertilité du sol et la santé globale du jardin. Ils permettent de réduire l'érosion, d'améliorer la structure du sol et de concurrencer les mauvaises herbes, y compris le chiendent. 

Cultivés de manière dense et vigoureuse, ils créent une couverture sur le sol, limitant ainsi la disponibilité de la lumière et de l'espace pour le chiendent cependant les légumineuses sont à éviter car le chiendent utilise l’azote libéré par les légumineuses, après leur destruction, pour se développer.

Certains engrais verts ont également des propriétés allélopathiques ou biocides, ce qui signifie qu'ils produisent des substances chimiques qui peuvent inhiber la germination et la croissance des mauvaises herbes :
Moutarde brune
Licence Creative Commons
  • La moutarde (Brassica spp.), telles que la moutarde brune (Brassica juncea) et la moutarde noire (Brassica nigra), sont connues pour leur potentiel allélopathique en produisant des composés chimiques, tels que les glucosinolates,
  • Le sarrasin (Fagopyrum esculentum) produit des flavonoïdes, 
  • le ray-grass (Lolium spp.), comme le ray-grass d'Italie (Lolium multiflorum), peuvent libérer des composés allélopathiques, tels que les loliolides, 
  • la phacélie (Phacelia tanacetifolia) peut produire des saponines, 
  • le seigle (Secale cereale) libère des des phytocides.


Le paillage

Ecarté par certains jardiniers, le paillage est une méthode efficace pour contrôler le chiendent . Un paillage épais empêche la lumière du soleil d'atteindre les plants de chiendent, ce qui les affaiblit et les empêche de pousser vigoureusement. Cela réduit leur capacité à se propager et à compétitionner avec d'autres plantes.
Paillage du potager
Licence : Irene Kightley

 Le paillis aide également à retenir l'humidité du sol, ce qui est bénéfique pour les plantes ou légumes tout en créant un environnement moins favorable à la croissance du chiendent. Le chiendent préfère les sols secs, donc en gardant le sol bien hydraté, vous pouvez limiter sa croissance.

Par contre,  le paillis doit être épais (environ 30 cm) et doit être régulièrement renouvelé pour garder son efficacité.


    Autres méthodes

    Les blogs ou vidéos de jardinier proposent d'autres méthodes plus "aléatoires" semble-t-il, on citera :
    • l'eau chaude peu utile sur le long terme car ne détruit pas les rhizomes du chiendent,
    • le vinaigre qui peut avoir un effet négatif sur les plantes environnantes,
    • la chaux qui  augmente le PH du sol et le chiendent préfère les sols acides, malheureusement, il a de grandes facultés d'adaptation,
    • la cendre qui a un effet desséchant sur le chiendent mais sans efficacité sur le rhizome,
    • le soufre utilisé pour lutter contre les champignons, son efficacité n'a pas été démontré sur le chiendent...


    En conclusion

    Pas de miracle, il va falloir nous retrousser les manches ! Le contrôle du chiendent est un processus à long terme, nécessitant de la persévérance et une combinaison de différentes approches. L'approche intégrée est la plus efficace, car elle cible le chiendent sous différents angles et limite sa capacité de propagation et de survie.

    On combinera donc différentes méthodes, notamment l'arrachage manuel, le paillage, l'amélioration du sol,  
    la rotation des cultures et la gestion globale du jardin.

    Sources










    Aucun commentaire:

    Enregistrer un commentaire